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Genèse

Comment tout a commencé

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Nous avons fait la connaissance d’Ariane Bernard-Laurent en 2019, invités à l’accompagner dans une opération de capture de perdrix bartavelles sur le massif du Dévoluy. Elle était alors dans ses fonctions au service de l’administration française. Au cours des trois jours intenses de captures et de radio-pistage, nous faisons la découverte d'un oiseau que nous pensions inféodé à la Provence. Pagnol nous avait-il induit en erreur ? Dans notre imaginaire, la perdrix bartavelle était associée au chant des cigales et à l’odeur des lavandes. En réalité, l'espèce partage les éboulis et les pelouses de l’étage alpin et subalpin avec bouquetins, chamois, aigles, marmottes, lièvres variables, lagopèdes et tétras-lyre. Ariane est formelle, il n’y a jamais eu de bartavelles en Provence.

perdrix bartavelle alectoris graeca

Intrigués par cet oiseau mal connu,

nous participons à plusieurs opérations de comptage organisées par Ariane dans le Mercantour. Sur le terrain, elle nous raconte ses débuts en tant que chercheuse à l’ONC. Ses anecdotes nous plongent dans un passé proche et pourtant révolu. Un temps où les téléphones portables et les GPS n'existaient pas, où les véhicules de l’administration étaient des 4L pour atteindre les villages par les pistes caillouteuses. Internet et les ordinateurs n’étaient qu’une utopie quand Ariane a été missionnée par l'Office National de la Chasse pour mettre au point des méthodes de suivi des populations de bartavelle au début des années 80. Jusque là, la perdrix Bartavelle n’avait fait l'objet que de quelques études en Suisse mais le statut de ses populations restait largement méconnu sur son aire de répartition, faute de méthode de comptage appropriées. Le vide de connaissances et la vastitude du terrain d’étude l’amène à s’entourer des chasseurs à une époque où la bartavelle était encore un gibier convoité. Quand Ariane nous raconte que les chasseurs ont été les premiers à s’intéresser aux études scientifiques et qu’ils ont d’eux-mêmes demandé la mise en place de plans de chasse, nous avons commencé à toucher du doigt un sujet qui nous passionnait.

 

La Bartavelle, ce gibier, à la fois mythe de la montagne et objet de recherches scientifiques, a une histoire intimement liée aux communautés alpines. Percer son histoire porte notre regard sur la transformation sociale de la montagne.

Il y a urgence

Si la Bartavelle était un oiseau que les ruraux affectionnaient, à l’effigie du célèbre roman de Marcel Pagnol, un fort déclin des populations associé à une déprise agricole a mis une distance entre les habitants des Alpes et la perdrix. De nos jours, les chasseurs de bartavelles se font rares et la plupart des usagers de la montagne ignorent l’existence de la plus grande des perdrix.

plumes de alectoris graeca, perdrix bartavelles
Alpes Dévoluy radio-pistage perdrix bartavelle

Ariane

Ariane, de son côté, quitte progressivement le terrain. Son départ à la retraite marque la fin d’une époque où les chercheurs avaient les moyens de consacrer l'essentiel de leur vie professionnelle à une seule espèce. Ses publications n’expriment pas les heures incalculables passées dans les pentes escarpées. A sa façon, son travail et sa présence en montagne perpétuaient une culture liée à cet oiseau pastoral.

 

S’il n’y a plus une “Ariane” sur le terrain, quelle mémoire de la bartavelle la biologie de demain sera-t-elle en mesure de transmettre ?

 

Aujourd’hui, nous prenons la caméra pour retracer cette histoire.

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